Mais pourquoi ?
Le Putois d’Europe reste très peu connu et peu médiatisé en France, comme tous les Mustélidés. Au-delà des naturalistes et autres usagers de la nature, beaucoup ignorent encore sa présence, sa biologie et les pressions et menaces qui pèsent sur lui. Très souvent confondu avec le Furet, sa forme domestique, et d'autres petits carnivores par ignorance et méconnaissance, l’espèce souffre aussi d’une mauvaise réputation solidement ancrée. Connu pour ses marquages odorants qui lui ont valu son nom de “putorius” (“puant” en latin) et pour ses vocalisations (les fameux “cris de putois”), le Putois fait partie des espèces mal-aimées, voire persécutées, au même titre que ses congénères qualifiés de “nuisibles”.
Comme les autres petits carnivores (fouines, belettes, etc.), les putois ont été massacrés pendant des siècles. Au début des années 1950 en France, on recensait plus de 300 000 putois piégés chaque année. Aujourd’hui, même si seuls deux départements autorisent le piégeage du Putois en tant qu’espèce "susceptible d’occasionner des dégâts" (la Loire-Atlantique et le Pas-de-Calais), il est encore accusé de porter atteinte aux élevages de volailles et au "petit gibier". Dans les faits, ces “dégâts” sont marginaux et ne sont jamais prouvés, encore moins chiffrés. Dans le cas de dommages aux poulaillers ou autres petits élevages familiaux, l’examen des lieux permet de trouver des parades faciles et efficaces aux très rares incursions de putois. Il suffit le plus souvent de renforcer leur sécurité et de fermer les trappes d’accès, en particulier le soir. Quant au « petit gibier », c’est-à-dire les perdrix et faisans d’élevage lâchés pour la chasse, aucune preuve ne permet d’affirmer que les putois s’en attribuent une part notable.
Les chasseurs reprochent également aux putois leur goût prononcé pour les lapins, ce qui révèle une incohérence réglementaire et cynégétique : le Lapin de garenne est une espèce à la fois classée « susceptible d’occasionner des dégâts » dans une partie du pays et lâchée par des chasseurs pour développer des populations, destinées à être chassées. Il est notamment en régression démographique à l’échelle nationale.
Le statut attribué aux putois en France est donc fortement injustifié. D’ailleurs, s’ils deviennent protégés par la loi, leur présence bénéficierait à un important cortège d’espèces animales et végétales : le Putois pourrait être considéré comme une espèce « parapluie », car ses besoins recouvrent ceux de nombreuses autres espèces.
Le Putois peut aussi être perçu comme un prédateur régulateur des populations de rongeurs responsables de dégâts aux cultures. Sa conservation pourrait permettre d'évoluer vers une agriculture plus respectueuse de la biodiversité, qui favoriserait la présence de prédateurs naturels plutôt que l’utilisation massive de produits chimiques…